Édito du 18 Avril 2024 – Réenclencher une spirale vertueuse réclamera beaucoup d’énergie

Chers amis,

Le Conseil d’administration et le Comité de France Galop se sont réunis le 25 mars dernier. À cette occasion, la composition des conseils du Plat et de

Philippe Jeanneret

l’Obstacle ont été dévoilées. Si pour ce qui concerne le plat, Alliance Galop ne compte qu’un de ses candidats parmi les 20 membres, en l’occurrence Philippe Jeanneret, nous sommes en revanche largement représentés dans le Conseil de l’Obstacle, avec Michel Contignon, Patrice Détré, Xavier Papot, Bruno Vagne et Jacques Cyprès, soit un quart des membres de cette instance.

Rappelons qu’Anthony Baudouin, notre tête de liste chez les éleveurs, ne pouvait siéger au Conseil du Plat en sa qualité d’administrateurs en vertu d’une habitude qui veut que ces derniers ne peuvent siéger dans ces conseils, à l’exception des vice-présidents dédiés.

Parmi les différents sujets abordés le 25 mars, on notera la validation d’un principe d’ouverture du système informatique qui devra gérer les activités de France Galop à l’avenir. Le système actuel a trouvé ses limites et il devait être modifié en profondeur. France Galop en profite pour rendre son informatique, aujourd’hui obsolète et en circuit fermé, plus compatible avec les applications extérieures. Cela doit nous permettre de bénéficier de services plus nombreux et interactifs qu’aujourd’hui, et notamment de pouvoir proposer aux acteurs des courses des applications de conciergerie virtuelle sans commune mesure avec ce qu’il est possible d’offrir aujourd’hui.

C’est un grand pas en avant dans notre traitement informatique, dont la conception actuelle retenait l’action publique et interne de France Galop comme une foule de Lilliputiens pouvait retenir Gulliver.

Richard Viel et Emmanuelle Malecaze-Doublet sont venus présenter les résultats du PMU, sur lesquels le communiqué de France Galop est resté sibyllin, conformément à l’usage, là aussi. Or ces résultats sont mauvais, avec une perte de masse d’enjeux de l’ordre de 3,5% depuis le début de l’année, commencé avec un meeting d’hiver à Vincennes en pente douce. La consommation est en berne, et les autres activités de paris, selon nos sources au PMU, ne se portent pas bien non plus. La Française des Jeux doit dévoiler ses résultats du 1er trimestre le 17 avril prochain.

S’agissant du PMU, l’offre est progressivement augmentée à nouveau pour atteindre les objectifs prévus, qui seront tenus, a rappelé le tandem qui est à la tête du GIE : 851m€ versés à la filière pour l’exercice 2024. Rappelons que dans ses calculs, le PMU a pris en compte les effets de bords de l’Euro 2024, en juin-juillet, puis des JO, en juillet-août. C’est donc une promesse très volontariste. Croisons les doigts.

Le plan Propriétaires et ses quarante points ont aussi été validés par le Comité. Les mesures qui composent la stratégie de France Galop dans la conquête et la satisfaction des propriétaires de galop en France s’appuient pour la plupart sur le bon sens. Elles ne sont donc pas forcément révolutionnaires mais c’est de l’équipe qui sera déployée pour mettre en œuvre ces mesures que dépendra le succès. Depuis la création du Département Propriétaires à France Galop en 2003 sous la direction d’Élodie Garamond, cette instance a traversé bien des avatars, à telle enseigne que déjà, sous la mandature précédente, le besoin d’un « reset » s’était fait sentir, d’où l’étude menée par Frank Walter pour aboutir à ce nouveau départ. Cette équipe doit se trouver un leader, car si la feuille de route est très « technique », il faudra aussi faire preuve d’initiative, d’expérience et de bon sens, justement, pour que cette structure et les sommes qui lui sont alloués en année 1, aient un quelconque effet.

Parallèlement, il ne faudra pas juger trop vite. Personne, nulle part, n’a de baguette magique. Quelques fondamentaux sont bons, car les mandatures précédentes ont travaillé parfois dans des directions peu spectaculaires, comme les agréments, la comptabilité, des services pratiques et nécessaires dont l’annonce n’est pas de nature à générer beaucoup d’enthousiasme. C’est un travail de l’ombre. Mais les obstacles ont été nombreux et la tendance générale est depuis longtemps mal orientée.

Réenclencher une spirale vertueuse réclamera beaucoup d’énergie et un effort constant, sur une période longue, pour que les premiers effets durables soient enregistrés.

Rappelons que le nombre de propriétaire augmente, mais que l’implication matérielle de chacun d’eux est plus faible que par le passé, si bien que le compte n’y est plus, et que les effectifs menacent constamment de baisser, et d’entraîner à la baisse le nombre de partants, puis les enjeux.

Pour autant, la course aux partants n’est pas l’alpha et l’omega des résultats de France Galop. Les partants ne font pas tout. La variété, aussi, est essentielle. Les parieurs ont changé, et ils continuent d’évoluer. Depuis l’ouverture du marché des jeux en ligne, en 2010, ce marché est bouleversé. Or nous avons fait fausse route, à cette occasion. Nous avons voulu nous protéger du changement plutôt que d’accompagner une évolution. Nous le payons cher aujourd’hui, car notre produit est marqué, et daté. Il va falloir mettre les bouchées doubles pour réintégrer la société moderne.

Il y a toujours un grand danger à s’enfermer dans l’entre-soi, qui menace aujourd’hui aussi le trot, et menacerait aussi bien le galop si notre orgueil n’était sans cesse fouetté par la concurrence internationale dans laquelle notre activité évolue, contrairement à celle de nos co-locataires.

Le commerce, deuxième jambe sur laquelle peut s’appuyer le galop, et notamment l’obstacle, doit être protégé et encouragé, mais aussi intégré dans une stratégie globale. Que la balance commerciale soit excédentaire est évidemment une grande réussite pour l’élevage et les professionnels français, qui savent mieux que quiconque mettre en valeur leurs chevaux et ceux qu’on leur confie. Néanmoins, cette favorable tournure des choses ne doit pas affaiblir la principale énergie du circuit d’alimentation des courses françaises, à savoir les chevaux, et priver les parieurs comme le public de leurs meilleurs repères, les champions.

Or pour que restent les chevaux, et mieux encore, les champions, il faut des propriétaires français ou étrangers dont le choix s’est porté clairement et définitivement en faveur de la France et des courses françaises, même s’il faut, pour mieux l’affirmer, aller parfois conquérir hors de nos frontières.

Il y a des exemples de réussite, et il y a des exemples de défaites. Macao vient de fermer ses portes, Singapour, qui était pourtant en bonne santé, vit ses dernières heures. Tout près, Hongkong n’a jamais enregistré autant d’enjeux, comme le turf japonais, qui vit un âge d’or. À Sydney, la fille de Winx vient d’être achetée par une de ses co-propriétaires pour 10m$ australiens. Cheltenham est toujours aussi fascinant, et pourtant cet arbre magique, qui n’est pas immunisé pour autant, cache une profonde crise de l’Obstacle britannique. Le Grand National de Liverpool n’a jamais été aussi menacé mais la défense de sa tenue lui garantit une exposition médiatique auquel aucun événement hippique en Grande-Bretagne ne peut prétendre.

Comparaison n’est pas raison, et l’avenir des courses en France ne peut être assuré par la simple copie d’une activité dont le théâtre serait une culture différente de celle de notre pays. Surtout si des paravents cachent la triste réalité du quotidien des acteurs.

Ce qui est commun à tous les événements cités plus haut, malgré leurs destins radicalement différents, c’est l’action des organisateurs. S’ils se sont reposés sur des acquis, s’ils ont négligé de souffler sur les braises, ils meurent ou sont confrontés à des crises existentielles. S’ils ont travaillé à explorer, à conquérir, à fédérer et concerter les efforts, s’ils se sont ouverts au public sans perdre leur âme, ils peuvent non seulement survivre, mais s’améliorer et se développer.

Darwin n’aurait pas dit mieux.

Les propriétaires qui ont tenu le galop français ont disparu, ou disparaissent, parce que le monde évolue. Dans une époque nouvelle, un changement climatique sociétal comme celui que nous vivons, une nouvelle génération est arrivée, une autre la suit sans doute. Elles ont chacune d’autres rêves, d’autres exigences, d’autres modes d’expression, d’autres envies. Elles sont porteuses d’autres cultures que celles du Jockey Club, des notables de Province, des flambeurs, des princes et des nababs que nous avons connus. Elles vont tout changer puisque, comme l’écrivait Lampedusa dans Le Guépard, « Il faut que tout change pour que rien ne change ».

C’est un peu dans cet esprit que nous participons, au sein de France Galop, aux débats sur la saisonnalité des courses d’obstacle, et sur la relance de notre activité, dont de nombreux feux sont au vert, mais que des tendances délétères menacent toujours.

Comme promis, nos élus travaillent ces dossiers, parfois compliqués, parfois épineux, toujours passionnants.

Nous nous engageons encore à partager nos travaux avec vous, parce qu’au risque de nous répéter, et de répéter une évidence, sans votre adhésion, nos travaux seront inopérants.

 

Vos représentants Alliance Galop